mardi 16 avril 2013

Jérôme Cahuzac, un héros du XXIème siècle

La république de François Hollande : le danger puritain
 
Les événements des dernières semaines ont de toute évidence révélé un infléchissement dans l'esprit de la nation française. Le "choc de moralisation", alliance de tartufferie et de démagogie social-démocrate consistant à redorer le blason des responsables du Parti socialiste, constitue un tournant qu'il serait dangereux de négliger, à une époque où notre pays renonce chaque jour un peu plus à son identité pour s'intégrer dans le moule européen.
 
Non, M. Hollande, vous n'avez pas été élu pour engager la France dans l'impasse du puritanisme !
 
Si la France est un grand pays, c'est d'avoir été, et d'être encore, malgré les mesures déplorables que vous prenez, une terre de passions, le vivier de tous les ambitieux, la patrie des hommes forts.
 
Quoi ! François Ier, Napoléon, de Gaulle, ces chevaliers de l'Idéal, ces génies qui illuminent notre passé, leur auriez-vous imposé, à eux aussi, la netteté, la propreté, la sainteté que vous exigez de vos ministres ? Auriez-vous commis l'impair, Monsieur, de rendre transparent l'homme qui, par deux fois, en 1940 et en 1958, sauva la France ?
 
 
Vous êtes un individu normal. C'est votre droit. Mais au nom de quoi réclamez-vous que vos ministres vous imitent, et deviennent, en suivant votre exemple, des modèles de vertu, non seulement en public, mais encore en privé, en famille, jusque dans leur maison ?
Leurs comptes seront épluchés, leur patrimoine disséqué, leurs moindres biens connus. Ils éviteront les vêtements trop coûteux et les hôtels de luxe. Les écarts seront sanctionnés.
 
Voilà la situation. Et voilà votre idéal : des hommes sans passions, détachés des biens de ce monde, à l'extérieur naturellement austère, des hommes dont - vous l'avez vous-même dit le trois avril dernier - "l'exemplarité sera totale".
 
L'infléchissement est le suivant : vous vous rapprochez d'un pas des démocraties scandinaves, vous vous éloignez d'un pas des pays méditerranéens. Vous faites ami-ami avec le protestantisme, vous tournez le dos à Bonaparte. Vous écoutez M. Sapin, vous faites la sourde oreille à M. Cahuzac.
 
Vous devriez, pourtant, vous inspirer de cet homme remarquable, que vous avez, lâchement, voué aux gémonies.
 


Cahuzac, symbole de la résistance au puritanisme
 
Qu'est-ce que c'est, en effet, s'opposer au puritanisme, à la crise de normalite aiguë qui infecte notre pays ? C'est agir comme l'a fait Jérôme Cahuzac.
 
Homme fort dans une période où la France, représentée par ce gouvernement, n'a jamais été aussi faible, personnalité charismatique à l'ère du "numéro matricule", comme l'écrit Robbe-Grillet, Jérôme Cahuzac a tout d'un héros de roman.
 
D'origine méridionale, ce nouveau Rastignac a mené sa vie comme il l'entendait, sans se préoccuper des règles tatillonnes déterminant la vie des faibles.
 
Ses amis ? Le socialiste les a choisis dans les milieux d'extrême droite.
Ses goûts ? Il aime le luxe et les cigares.
Son temps libre ? A soixante ans passés, il le passe, sous l'eau, sur les pentes de glace ou dans les salles de boxe, à défier la mort et à sonder ses limites.
Quant à son argent, chacun sait ce qu'il en a fait.
 
 
Oui, cet homme est un héros parce qu'il est en quête d'une chose que le gouvernement puritain, dans sa haine de ce qui dépasse la mesure, rejette brutalement : un destin doré.
 
 
Certes, ce dandy devenu subitement le bouc-émissaire d'un pays frustré par la crise économique a fauté. Il n'a pas respecté les lois de la République.
 
L'héroïsme de Jérôme Cahuzac aurait dû s'arrêter là où s'arrête ce qui est légalement permis. Là est la frontière entre ceux qui, triomphant d'abord de la société, finissent vaincus par l'excès de leurs convoitises, et ceux qui parviennent, jusqu'au bout, à allier réussite individuelle et respect des lois.
 
Cependant, sa quête d'un Absolu, son refus de la médiocrité ambiante, son élégance dans un monde terne et uniforme ne peuvent qu'inspirer les Français les plus ambitieux. De même qu'au XIXème siècle, on voulait être un Rastignac, au XXIème siècle, quand on est un homme libre, quand on a l'appétit de vaincre, on est un Cahuzac.

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